Métier insolite : le transport de convoi exceptionnel

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C’est toujours un spectacle impressionnant. Qu’il s’agisse d’immenses bateaux sortis des chantiers navals, d’avions de 33 mètres de long, de transformateurs électriques de 32 tonnes, d’éoliennes ou encore d’engins militaires… En réalité, il n’est pas un seul convoi exceptionnel qui soit banal. Qui sont ces chauffeurs et ces techniciens à la manœuvre ? Quel degré de précision exige leur métier ? Reportage sur ces « convois de l’extrême ».

Certaines des remorques qu’ils conduisent peuvent transporter jusqu’à 500 tonnes de charge utile. C’est énorme ! C’est donc un métier totalement à part, fascinant et insolite, que celui des personnels chargés des convois exceptionnels. Des opérations toujours spectaculaires mais pas si rares que cela. Plusieurs centaines de demandes d’autorisations préfectorales sont enregistrées chaque année dans la France entière.

Tous, ils ont la vocation. Ils vouent une passion pour leur profession. « Chaque mission est quasi inédite », confie l’un des 15 chauffeurs de convois exceptionnels d’une société spécialisée, dans l’Est de la France. « Chaque client, pour chaque commande, exprime des besoins très particuliers. A chaque fois, il faut faire preuve d’imagination, trouver la meilleure formule, le matériel adéquat, les itinéraires, réfléchir aux horaires, aux contraintes imposées par la législation pour chaque tronçon de route. L’opération qui m’a le plus marqué : convoyer un dessaleur d’eau de mer qui mesurait 6 mètres de large, 23 m de long et 8 m de haut, et qui pesait 115 tonnes ! ». 

« Chez nous, la passion se transmet de génération en génération », raconte un autre chauffeur. « Je me revois petit garçon, assistant aux manœuvres de mon père et de ses collègues sous l’œil écarquillé des badauds et des automobilistes. C’est resté gravé à vie ». Il faut dire que c’est un métier à risques, aussi, où tout doit être millimétré, chronométré pour que « ça passe ».

Le franchissement des ponts, notamment, est toujours un moment où la tension est à son comble. Il y a forcément la crainte d’un déchaussement des piliers, par exemple. Cela nécessite une grande organisation pour gérer la mise en place des contrepoids. Chaque rond-point est aussi l’objet d’une manœuvre délicate, sans compter les panneaux et les barrières qu’il faut démonter, puis remonter. Sans oublier les automobilistes pressés qui tentent de forcer le passage. Il faut aussi savoir qu’un convoi exceptionnel ne circule pas uniquement sur la route. Des techniciens très spécialisés sont appelés à la manœuvre sur les ports pour acheminer la charge sur des barges, puis des péniches.

Certains convois nécessitent des dérogations spéciales ministérielles ou préfectorales, leur octroyant des escortes de motards. Depuis juillet 2011, d’ailleurs, ce ne sont plus des motards de la police nationale et de la gendarmerie qui assurent ces missions, mais des privés. On les appelle les « moto-guideurs » ou les « hommes en jaune ». Pour pouvoir postuler, une formation de 63 heures dispensée par un organisme agréé est obligatoire. Vous pouvez la financer pour tout ou partie par votre compte formation. Avec cette révision générale des politiques publiques en matière de transport routier, d’ailleurs, des sociétés spécialisées ont commencé à constituer des flottes spécialisées, et elles embauchent, car le volume d’activité ne cesse de progresser… et la demande qui va avec.

« Evidemment, pour être convoyeur de l’extrême, il ne faut pas avoir peur de s’absenter de chez soi pendant des périodes longues », raconte Philippe, 55 ans, qui s’est spécialisé dans l’activité. «On fait entre 10 et 12 000 kilomètres par mois et à peu près 80 à 100 sorties par an… C’est une vie de nomade !  ». Pour être capable d’assurer à bien les missions, il faut aussi être doué de beaucoup de concentration : « C’est vraiment un art », explique Christian Harivel, formateur et ancien chef de brigade motocycliste.

« C’est quand même un métier dangereux même si c’est aussi une activité captivante qui fait qu’on se sent privilégié. Il faut parfois rouler dans le froid, sur du verglas, ou au contraire par de fortes chaleurs, sur les bandes d’arrêt d’urgence et dans les gaz d’échappement. On doit anticiper les réactions de toutes les autres personnes autour de nous, acteurs de la mission mais aussi spectateurs. Il faut avoir une parfaite maîtrise des gestuelles et du code de la route ». 

Pour autant, les professions de chauffeur de convoi exceptionnel et de moto-guideur sont tout à fait ouvertes aux femmes… et il y en a ! Avis aux amatrices…




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