Vendanges : les transporteurs spécialisés recrutent des chauffeurs

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Chaque année, les vendanges représentent un pic d’activité saisonnière pour les transporteurs : les « routiers pinardiers », comme ils se surnomment entre eux, sont très demandés pour pouvoir faire face à la demande des exploitants vignerons. Pendant plus d’un mois, à la fin de l’été, leurs camions citernes circulent par centaines sur les routes de France, dans toutes les régions viticoles. Des camions qui peuvent transporter jusqu’à 36 tonnes de raisin : le contenu des pressoirs qui contiennent chacun plus de 4000 kilos.« C’est une logistique très particulière, les chauffeurs doivent être capables de faire la différence entre la cuvée et les tailles, c’est-à-dire les produits du premier pressurage et ceux des deuxième et troisième pressurages. C’est important car le vin le plus qualitatif sera issu de la première cuvée, et il sera moins qualitatif lors des pressurages suivants. Ce sont des produits de luxe, dont les prix peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros, voire davantage, le chauffeur et les logisticiens qui gèrent ces transports et ces manutentions du raisin puis du vin ont donc une responsabilité importante par rapport au vigneron d’un côté, et aux distributeurs de l’autre », explique le PDG d’une très grosse entreprise de transport spécialisé en Bourgogne.

 

« Les compétences demandées aux chauffeurs sont donc spécifiques, à savoir la capacité à ranger les produits dans les différents compartiments de la citerne, et à gérer des opérations de groupage entre plusieurs clients différents, en fonction des enlèvements et des réservations de citernes. Ce qui suppose de savoir fractionner les marcs, les classer en fonction de leur qualité, puis les redispatcher entre les clients. Les chauffeurs sont chargés du pompage des jus, c’est comme cela qu’on dit : le jus de raisin présente certaines propriétés à connaître pour bien effectuer ce pompage, en particulier un degré minimum, établi par les comités interprofessionnels, et contrôlé par les douanes tout au long du processus des vendanges. Les chauffeurs sont donc équipés d’un réfractomètre, c’est un appareil de mesure de ce degré du raisin à maturité, et le relevé conditionnera le chargement du camion. Mais nous formons nos chauffeurs et ce sont des opérations qui se maîtrisent rapidement, cela ne doit pas décourager les volontaires de postuler », ajoute ce patron habitué à gérer la logistique des vendanges.

 

Comme pour tous les produits frais, les chauffeurs doivent également savoir respecter scrupuleusement un itinéraire et une durée maximum de transport. Le déchargement est aussi soumis à condition sur les sites des cuveries où arrivent les camions : avec des contrôles et des échantillonnages dans les compartiments pour analyse par les œnologues de la cuverie. « Cela représente beaucoup de travail », confie un chauffeur « pinardier », « mais c’est une période de l’année excitante et intéressante dans notre routine de travail, avec beaucoup de responsabilités, des opérations très ritualisées et qui doivent être effectuées avec beaucoup de rigueur et de précision. Il ne faut pas avoir peur de faire de grosses amplitudes horaires pendant 3 semaines au moins, c’est fatiguant, mais c’est passionnant. Les citernes commencent à circuler vers 4 heures du matin et cela peut se prolonger jusque tard le soir, c’est déjà arrivé qu’on travaille 18 heures par jour ! Mais l’ambiance est vraiment agréable, tous les chauffeurs pinardiers vous le diront : on fait escale sur les mêmes aires d’autoroutes, dans les mêmes restaurants, on se salue quand on se croise, parfois on forme une véritable procession sur certains tronçons de routes, c’est vraiment sympa ! ».

 

Pour ces vendanges 2018, qui commenceront tôt car la canicule a accéléré les choses, et s’étendront jusqu’au mois d’octobre, on parle très souvent des embauches en masse de vendangeurs, mais il faut savoir que les chauffeurs de camions citernes sont aussi très recherchés par les recruteurs, en ce moment et pendant les 6 ou 8 semaines qui arrivent. Selon le calendrier habituel, les besoins de main d’œuvre seront importants en cette fin août 2018 d’abord en Corse, dans le Languedoc Roussillon et en Provence, puis début septembre dans le Beaujolais et la vallée du Rhône, mi septembre toujours dans la vallée du Rhône mais aussi le Bordelais, la Bourgogne, la Savoie, le Jura, le Centre, le Sud Ouest et le Val de Loire ; fin septembre en Alsace et en Champagne, et enfin début octobre en Charente, autour de Cognac, et en Lorraine. Mais l’activité ne s’arrête pas là : après la saison des vendanges, le vin continue à faire travailler des centaines de chauffeurs à l’année en France : pour assurer les enlèvements aux domaines, mais aussi l’acheminement vers les centres de stockages ou de distribution (voir notre article).

 

 




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