Transport frigorifique : un des secteurs les plus réglementés

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camionsLe respect de la chaîne du froid est d’une importance fondamentale dans le secteur de l’alimentaire, tant au plan technique et réglementaire, qu’en terme de rentabilité économique. En effet, la majorité des produits alimentaires sont impérativement soumis à des méthodes de conservation par le froid, seul moyen d’éviter leur altération par la prolifération de micro-organismes pathogènes. C’est la raison pour laquelle le transport frigorifique joue un rôle crucial à chaque étape de cette chaîne, de la production à la consommation en passant par le stockage intermédiaire et la distribution. Plus de 350 millions de tonnes de denrées périssables sont encore gâchées chaque année à cause d’une rupture de la chaîne du froid : c’est dire si le transport frigorifique a encore de beaux jours devant lui, avec un fort potentiel de développement et de modernisation.

 

reglementationMais les métiers du transport frigorifique sont aussi parmi les plus difficiles à pratiquer, car ils sont soumis à une législation très rigoureuse, au niveau national mais aussi au niveau européen et même au niveau international. Pour des raisons sanitaires, bien sûr, mais aussi pour des motivations écologiques. En France, la réglementation du transport sous température est ainsi inspirée des dispositions de l’accord relatif au Transport International des Denrées Périssables (ATP), mais également de données européennes comme le « paquet hygiène » repris dans un arrêté de décembre 2009. Du coup, contrairement aux autres secteurs, le professionnel du frigorifique est soumis à des obligations de résultats au même titre que l’industriel et le distributeur. Ce qui l’oblige à être ultra vigilant sur le respect des procédures HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point), sachant que celles-ci sont différentes (froid positif, froid négatif, froid intermédiaire…) selon chaque type de denrées (produits carnés, produits laitiers, fruits et légumes…).

 

remorqueLes fluides frigorigènes sont également soumis à des règles strictes (articles R543-75 à R543-123 du Code de l’Environnement) : la fréquence des vérifications de maintenance, les types de fluides, leur charge, l’étanchéité des équipements etc… sont très régulièrement contrôlés. « Les professionnels du froid qui se posent des questions au regard d’une législation qui change très vite et très souvent, peuvent se mettre en contact avec nous », précise Philippe Roy, Secrétaire National du SNEFCCA, le Syndicat National des Entreprises du Froid. « Un des volets les plus importants de notre activité consiste à sélectionner les informations intéressantes et à les transmettre aux entreprises (…). Les équipements sont complexes, chers, et de plus en plus réglementés (traçabilité, inspections sanitaires…). Aujourd’hui, toute rupture de la chaîne du froid est inenvisageable et les camions doivent être équipés avec des systèmes de mesure du froid performants et homologués, mais il est souvent compliqué de s’y retrouver. »

 

froidLe transport frigorifique en France en 2014, ce sont plusieurs dizaines de milliers de salariés, une centaine d’entreprises, des milliers de véhicules et des millions d’euros de chiffres d’affaires… « Nous regroupons 80% des acteurs du secteur », explique l’UNTF, l’Union Nationale du Transport Frigorifique. « Pour les produits frais d’origine végétale, la réglementation est moins contraignante en matière de températures. Il suffit de se référer à la réglementation ATP (Accord du Transport de Denrées périssables). En revanche pour les produits d’origine animale,  il y a une double réglementation portant à la fois sur l’engin, et sur la marchandise transportée. (…) C’est bien pour la profession en termes d’activité, mais cela signifie aussi toujours plus de responsabilités, et des coûts supplémentaires… ».

 

poids_lourdEn fait, tout est étroitement lié aux prises de conscience environnementales : la production de froid est fortement consommatrice d’énergie, 15% de la production mondiale d’électricité, dont la moitié rien que pour le respect de la chaîne du froid dans la logistique et le transport des denrées alimentaires. Les professionnels du transport frigorifique doivent en conséquence sans cesse s’adapter aux évolutions de la recherche, et à la « bonne presse » ou à la « mauvaise presse » de tel ou tel fluide frigorigène, réputé détruire la couche d’ozone (ammoniac, R12, R22, R502) ou au contraire la préserver (HCF R410, R404A, R134A,NH3…). Ils doivent aussi en permanence renouveler leurs équipements pour être en adéquation avec les normes, notamment pour tout ce qui concerne l’étanchéité des véhicules, ou bien pour s’équiper d’automates de gestion de la régulation du compresseur, mais aussi en groupes plus compacts et plus performants, ou encore en chambres froides mutli-compartimentées… Et ainsi de suite ! Les véhicules frigorifiques électriques se développent également, peut-être seront-ils un jour obligatoires ?

 

transportDe manière générale, le transport frigorifique est en train de vivre une sorte de petite révolution silencieuse, pour tendre vers une organisation toujours moins polluante, moins dangereuse et moins coûteuse, et de plus en plus efficace, respectueuse des normes sanitaires et du développement durable. De la même façon, la réglementation s’adapte de jour en jour, et il ne serait guère surprenant qu’on finisse par aboutir à tout un système global de labellisation en termes de transport frigorifique, comme pour tous les autres équipements énergétiques et notamment ceux qui produisent du froid. Pour autant, s’il se complexifie et fait peser des responsabilités de plus en plus lourdes sur les épaules des professionnels du transport, le secteur du froid est un secteur d’avenir appelé à s’étendre et à évoluer encore.

 

En parallèle, la gestion du froid dans les transports deviendra de plus en plus une question globale de logistique et de fret, et pas seulement de véhicules pris indépendamment les uns des autres. Car ce sont avant tout les habitudes de consommation et les exigences des consommateurs qui façonnent le marché et dictent les règlements. Les comportements se modifient, les préoccupations sanitaires et écologiques aussi, les performances énergétiques progressent, et les transports frigorifiques doivent s’adapter à ces évolutions… y compris dans les pays en développement où l’amélioration de la chaîne du froid est de moins en moins une utopie, et de plus en plus une réalité… et donc, un enjeu économique majeur.




4 commentaires

mazin le 3 oct. 2020

Bonjour Monsieur,

Nous sommes très intéressés par l’achat de réfrigérateurs.
Si vous avez des réfrigérateurs que vous souhaitez vendre, nous pouvons acheter la quantité entière.

Dans l’attente de votre réponse.

Salutations,
Mazin

Robert Malouin le 19 juil. 2016

La reglementation, pour une meilleure sécurité alimentaire, c’est très bien.

Mais lorsque cette même réglementation limite la certification technique pour les véhicules frigo de plus de 12 ans à une seule société privée pour toute la France, qui n’a que des centres de test à Paris et Bordeaux et qui demande à bloquer le camion une semaine et qui va joyeusement facturer plusieurs milliers de francs, ce n’est plus bien du tout !

AtelierFull le 17 sept. 2014

Une réglementation dans le secteur du transport frigorifique me semble une très bonne chose et mettre en place une labellisation générale encore plus pertinente même si ça a un cout au final. Les économies environnementales, d’énergie et la baisse des problèmes de santé liés à un mauvais transport de marchandise froide justifient pleinement ces réglementations.

Legendre le 13 sept. 2014

Bonjour, après plus de 10 ans employé comme chauffeur livreur dans diverses entreprises dont 3 ans en frigorifique pour intermarché, je suis actuellement à la recherche d’un emploi, si possible en Haute-Normandie(76-27), résident à ce jour près de Rouen. Je possède le permis C-EC+carte numérique+FIMO….à vous lire salutations distinguées CL

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